L’aventure des 48h millésime 2019 !

L'aventure des 48h millésime 2019

Notre nouveau film des 48h en plan-séquence a connu un joli succès du public la semaine dernière lors des projections à Paris au Grand Action ! Ce n'était pas gagné entre une météo catastrophique,  pas d'aide de professionnels (une première!) et une équipe jeune et inexpérimentée. Mais la motivation opère des miracles !

Voici notre film, réalisé entièrement en 48h : 

Le 48h c'est désormais une tradition - pour certains d'entre nous il s'agissait de la sixième édition ! Pour les nouveaux chaque année c'est aussi un sorte de week-end d'intégration aux Ateliers du Tout Court ! Rien de tel pour apprendre à se connaître et travailler ensemble.

Préparatifs

La préparation d'un 48h commence très en amont, dès le milieu de l'été. On commence à s'organiser et on cherche des lieux de tournage potentiels, extérieurs et intérieurs, ainsi que des acteurs.

La semaine précédent le 48h on organise une séance d'information et sensibilisation à la technique: les nouveaux apprennent comment s'organise un plateau de cinéma, qui fait quoi, quels sont les étapes pour tourner un plan... Les termes "Silence on tourne!", "Moteur!", "Action!" et "Coupez!" n'ont plus de secrets pour eux. On forme les équipes techniques en fonction des préférences et des possibilités.

Après la séance le réalisateur de cette année nous annonce qu'il aimerait tenter un unique plan-séquence! Un peu sceptiques au début, on est peu à peu gagné par l'envie grisante de relever le défi! On se prépare en conséquence: un plan-séquence ça ne s'organise pas de la même façon que pour un film classique. On loue une optique qui nous manque - un zoom pour pouvoir changer de focale pendant les prises, et on échafaude des plans pour les déplacements des acteurs et de la caméra qui sera nécessairement à l'épaule puisque nous n'avons pas de stabilisateur.

A l'approche du jour J on a les yeux rivés sur la météo du samedi pour le tournage. Jusqu'au dernier moment elle nous assure qu'il fera certes nuageux et frais mais sans pluie: un temps idéal qui nous laisserait choisir entre nos cinq lieux potentiels, intérieurs et extérieurs.

Kick-off et écriture

Le 48h lui-même commence dès le vendredi après-midi. Une petite équipe - habituellement le réalisateur et l'équipe scénario - se rend à Paris pour la cérémonie d'ouverture, le "Kick-of". Mais la plupart des participants cette année sont de jeunes collégiens terminant trop tard leurs cours... On s'est donc organisé autrement. Le rendez-vous a été donné à tout le monde à 19h au "camp de base" à Montagny-en-Vexin (siège de Tout Court ! Oise) et seules deux personnes ont été envoyées à Paris pour piocher le genre - on est tombé sur "Film de famille" - et récupérer les éléments imposés - pain au chocolat, personnage DJ et phrase "Un peu, beaucoup, à la folie".  Il nous ont téléphoné les informations et on s'est immédiatement mis au travail.

Très vite le sujet à tourné autour d'une définition "mafieuse" de la famille que le réalisateur avait envie de traiter. Mais comme nous n'avions quasiment que de très jeunes acteurs, on est parti sur un parallèle avec une simple famille, des gosses jouant aux gangsters autour d'une sombre histoire de trafic de pains au chocolats - avec toutefois un final un peu plus brutal que ne le laisse supposer l'histoire! 🙂

Le choix du lieu s'est porté sur le grand jardin d'une propriété proche du camps de base, car il est particulièrement grand et beau, et qu'on avait déjà tourné à cet endroit trois ans auparavant. 

Le pla- séquence se traite plus à la façon d'une chorégraphie que d'un film classique. Dès l'écriture il faut inventer une histoire avec continuité de temps et de lieux, et sans temps-mort - il doit se passer quelque chose à chaque instant.  On doit ensuite définir les mouvements des acteurs mais aussi de la caméra, de son angle de vue, et de toute l'équipe technique. Pour le son nous n'avions à disposition qu'un seul micro hf - que nous avons placé sur l'acteur ayant le plus de dialogues - et un micro perche qui devait suivre la caméra pour rester proche des autres acteurs.

Le plan que nous dressons alors sur un tableau au fil de la nuit est pour le moins... chargé! Les acteurs devront virevolter dans le jardin entre une table extérieure, des arbres, un puits, une vieille roulotte placée au milieu du jardin... Ils se partageront des réplique bien senties - on s'est beaucoup amusé à les écrire sur le ton des films de gangster en glissant quelques références au passage. La caméra se concentrera sur les uns ou les autres dans un mouvement savamment orchestré. Enfin ça, c'était la théorie... en pratique rien ne s'est passé comme prévu, mais on ne le savait pas encore!

Au fil de la soirée quelques membres de l'équipe parmi les plus jeunes nous quittent pour prendre un peu de repos. Avec le réalisateur, le cameraman - qui assume aussi le rôle de l'assistant-réal pour l'occasion - et quelques survivants nous fignolons nos plans avant de les rejoindre vers 4h du matin. Une très courte nuit nous attend...

Tournage

Le lendemain, tout le monde est sur le pont dès 8h pour la lecture scénario. Le temps, maussade, est à la pluie. La météo indique cependant qu'elle sera de courte durée. On y croit encore!

A 9h toute l'équipe se déplace sur les lieux du tournage. On envahit le jardin ainsi que le hall de nos hôtes!  On effectue les derniers repérages, on installe le matériel, on montre la chorégraphie aux acteurs qui commencent à répéter avec le coach (qui est aussi le producteur). Mais soudain on rentre tous se réfugier dans la maison car ça drache sévère! La météo promet une accalmie en fin de matinée... Les acteurs continuent à répéter dans la cuisine, puis dans le salon. La pluie n'arrête pas, on commence à douter...

C'est que le temps passe: il est déjà 11h et on n'a encore rien tourné! Ça devient un vrai problème. Le caméraman/1er assistant réal se réunit alors avec le réalisateur en une cellule de crise pour définir un plan B pendant que le producteur/coach négocie avec les propriétaires la possibilité de tourner en intérieur - ce qu'ils acceptent très gentiment! En une demi-heure on redéfinit entièrement le plan patiemment mis en place pendant toute la nuit, afin de se conformer aux nouveaux lieux, bien plus étroits... On réécrit tous les dialogues pour les adapter. Certains acteurs n'ont plus qu'une ou deux répliques, c'est frustrant pour eux mais on n'a pas tellement le choix!

Alors que l'équipe technique met au point les derniers détails de la nouvelle chorégraphie avec le réalisateur, le producteur/coach fait répéter les acteurs sur leurs nouvelles actions. Il est midi, on est enfin prêt à tourner - mais on décide de tout laisser en plan et de déjeuner tout de suite, afin de lancer la phase tournage dès notre retour!

A 13h enfin le premier clap! Et c'est la catastrophe. La perche à bien du mal à suivre la caméra, elle ne cesse de taper dans les portes et le plafond, l'équipe technique ne sait pas ou se placer et apparaît dans le champs la moitié du film, les acteurs s'embrouillent dans leurs textes et leurs mouvement et n'arrêtent pas de regarder la caméra, le matériel se casse la gueule, tout le monde souffle à tout le monde, on entend des gens pouffer... 

Mais on s'y attendait! Lorsqu'on film un plan-séquence, la première prise est plus une répétition générale qu'autre chose. On se doute bien qu'on va passer l'après-midi à faire prises et des prises jusqu'à parvenir à un résultat satisfaisant! On croit souvent, à tord, qu'il est rapide de tourner un plan séquence: mais c'est faux, c'est tout aussi long, simplement les longueurs ne sont pas aux mêmes endroits que sur un tournage classique.

On se bouscule pour voir la cata sur l'ordinateur. Entre deux tranches de rigolade on note soigneusement tout ce qui ne va pas. On révise les plans, on s'accorde avec les différentes équipes, on répète à nouveau certains passages avec les acteurs...  Puis on lance la deuxième prise et on recommence!

En tout, on aura tourné 17 prises avant d'être satisfait!

 

Sur les derniers plans quelques défauts subsistent: un ou deux choc du micro contre les murs au passage des portes, cacophonie de bruits de pas de toute l'équipe sur le parquet - bien qu'on ai tous retiré nos chaussures, quelques regards caméras des jeunes acteurs inexpérimentés... Mais on décide que ce sera bien suffisant pour cette première fois car de toute façon la nuit tombe, l'heure limite à laquelle on avait promis de libérer les lieux est dépassé, on n'a plus tellement la possibilité de continuer !

Post-production

Retour au camp de base vers 19h30 où nous attend un repas chaud bienvenu, gentiment offert par la Boucherie du Centre à Gisors. On se détend, on rigole des plans ratés, on se promet de monter un bêtisier! Et puis on passe au dérushage: on regarde tous les plans et on note ce qui va bien, ou moins bien...

On pourrait croire que pour un plan-séquence il n'y a pas de post-production mais c'est faux. Déjà, on peut "tricher" un peu à certains endroits: quand la caméra passe derrière un pilier, ou lorsqu'elle fait un panoramique très rapide (un "filé") il est possible de glisser des cuts discrets pour prendre la meilleurs prises à chaque segment - qui n'est pas toujours la dernière. Mais ça demande de bien fignoler les raccords pour que ça ne se voit pas, ça prend pas mal de temps et requiers un peu d'astuce sur le banc de montage. Ensuite il y a l'image à soigner (étalonnage, recadrages par moment...) et surtout un gros travail de mixage et nettoyage du son d'autant qu'on a plusieurs sources (perche et micro-cravate). C'est là qu'on manque de l'aide d'un vrai pro comme les années passé! 

Celà étant dit, le travail global reste quand même un peu moins long à réaliser que sur un film classique. Ce qui nous permet pour la première fois depuis le début des 48h de tous nous accorder quelques heures de sommeil dans la nuit du samedi au dimanche!

Le lendemain on fignole le son et surtout on compose la musique. Pour la première fois depuis 6 ans notre compositeur habituel n'était pas dispo ce jour là mais par chance un des participants, père d'un des acteurs, fait un peu de musique à ses heures perdues sur ordinateur. Il nous compose donc un petit thème musical bien dans le ton du film et nous travaillons tous avec lui les durées, rythme, intensités... 

Enfin, toute dernière étape: on colle les musiques sur film. Après quelques aller/retour c'est terminé, notre film est fait! En voiture pour Paris et le drop-of!

Drop-off et projections

Cette année on est nombreux à faire le trajet dans deux voitures - pour compenser d'avoir raté le kick-off. La circulation est bonne, on arrive largement en avance - en fait juste au moment de l'ouverture du bureau soit 18h, ce qui fait de nous les premiers à rendre notre film!

Comme chaque année on va boire un verre à côté en attendant le décompte final qu'on ne veut pas rater: c'est un moment intense du 48h.

Et puis on rentre et c'est la fin d'une belle aventure! 

Enfin pas tout à fait puisque environs un mois après nous avons tous rendez-vous à Paris pour les projections dans la mythique salle Langlois du cinéma Grand-Action au quartier latin. On est nombreux au rendez-vous avec les jeunes et toutes leurs familles!  Sympathique séance avec des films souvent amateurs à petit budget compensé par de l'inventivité, de l'humour et des prises de risques qui paient - tout comme nous! Nous sommes d'ailleurs chaudement applaudis à la fin, et à la sortie d'autres équipes viennent nous féliciter et bavarder un peu avec nous.

On termine l'aventure autour d'un bon verre (chaud vu la température!) où on refait le monde et on parle des projets à venir pour le Tout Court ! 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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